Après le colloque scientifique, l’IHU Infiny et le laboratoire NGERE ont ouvert deux journées de formation et d’échanges autour du dialogue entre l’intestin et le cerveau, à la croisée de la biologie, de la clinique et des sciences humaines.

Chercheurs, cliniciens, doctorants et professionnels se sont réunis pour mieux comprendre comment le stress, les émotions, la nutrition et le microbiote intestinal interagissent dans les maladies chroniques, et comment ces connaissances peuvent inspirer de nouvelles approches thérapeutiques et préventives.
Jour 1 – Du stress à la santé mentale : l’axe intestin-cerveau à la loupe
La première journée a mis en lumière les mécanismes biologiques, psychologiques et sociaux qui relient l’intestin au cerveau.
Francisca Joly (Hôpital Beaujon AP-HP – Université Paris Cité) a ouvert l’École avec un cours sur l’adaptation intestinale et le syndrome du grêle court, illustrant les stratégies nutritionnelles destinées à rétablir l’équilibre digestif.
Pascal Derkinderen (CHU de Nantes, TENS, Inserm) a ensuite présenté ses travaux sur la maladie de Parkinson comme pathologie de l’axe intestin–cerveau, montrant comment la dysbiose et l’atteinte du système nerveux entérique pourraient précéder les symptômes neurologiques et offrir de nouvelles pistes diagnostiques et thérapeutiques.
Charles Bernstein (Université du Manitoba, Winnipeg, Canada) a apporté une perspective clinique internationale sur les comorbidités psychiatriques dans les MICI. Ses travaux issus de la Manitoba IBD Cohort montrent qu’anxiété et dépression, souvent non diagnostiquées, influencent directement l’évolution de la maladie, plaidant pour une prise en charge intégrée de la santé mentale et digestive.
Eleni Siopi (Inserm – Université Paris Cité) a dévoilé ses études expérimentales sur le microbiote et l’anxiété, démontrant qu’un microbiote altéré par le stress peut activer le nerf vague et induire un comportement dépressif chez la souris, ouvrant la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques basées sur la modulation du microbiote ou la stimulation vagale.
Enfin, Elsie Mégret et Ingrid Voléry (Université de Lorraine, TETRAS) ont apporté un éclairage socio-anthropologique sur les vécus corporels et sociaux des personnes atteintes de MICI, interrogeant les inégalités de santé et les pratiques de soin au quotidien.
La journée s’est conclue par un atelier de démonstration culinaire animé par la société grand-nancéienne COOKAL, en partenariat avec l’IHU Infiny. Laurent Probst, PDG de COOKAL, y a présenté ses modes de cuisson innovants, ainsi qu’un spray aromatisé baptisé “Les Macarons de Clara”, actuellement testé aux Hôpitaux Civils de Lyon, en présence de leurs représentants. Ce dispositif vise à redonner le plaisir du goût à des patients souffrant de troubles de l’oralité, de la déglutition ou de difficultés d’alimentation. Née d’une rencontre entre recherche, santé et gastronomie, cette initiative illustre comment la science peut aussi se mettre au service du plaisir et de la qualité de vie des patients.

Jour 2 – De la recherche à l’innovation : données, valorisation et modèles intégrés
La deuxième journée, plus orientée vers la méthodologie et l’innovation, a exploré les outils et démarches permettant de transformer la recherche en impact concret.
Didier Quilliot (CHRU Nancy) a présenté les mécanismes physiopathologiques des troubles du comportement alimentaire, reliant dysbiose, signaux hormonaux et régulation cérébrale de la satiété.
Cédric Baumann (CHRU Nancy, Inserm INSPIIRE) a rappelé que le stress chronique est un déterminant majeur de la santé, capable de déréguler l’immunité, le métabolisme et le microbiote. Il a exposé les outils cliniques et permettant de restaurer la régulation physiologique et de renforcer la résilience des patients.
Deux ateliers pratiques ont ensuite permis d’aborder les coulisses de la recherche translationnelle :
- L’atelier “Données cliniques et construction d’un projet de recherche”, animé par Yoann Bernard, Sophie Zevaco et Emeline Cirou (DRCI CHRU Nancy) a présenté les étapes clés du montage d’un protocole, les exigences réglementaires et éthiques, la gestion des données selon le RGPD et les bonnes pratiques pour garantir la qualité scientifique et la sécurité des participants.
- L’atelier “Valorisation de la recherche publique”, animé Pauline Mosca (IHU Infiny), a proposé une sensibilisation concrète à la valorisation dans le secteur public. À travers une boîte à outils pratique, il a aidé les jeunes chercheurs à acquérir les bons réflexes dès la conception d’un projet : protéger les échanges, identifier le type de partenariat, anticiper les questions de propriété intellectuelle et valoriser les résultats sans compromettre la publication.
Reprenant le fil scientifiques de la première journée, Michel Neunlist (TENS, Inserm- Université de Nantes) a montré que le système nerveux entérique, véritable cerveau autonome, est modulé par le microbiote intestinal et joue un rôle clé dans la santé digestive et neurologique. Tunay Köktén (NGERE, Inserm-Université de Lorraine), a a clôturé l’édition 2025 en retraçant la genèse du concept d’axe microbiote–intestin–cerveau et les modèles expérimentaux qui en démontrent la réalité biologique.
Équipe pédagogique NGERE U1256 : Natacha Dreumont; Djésia Arnone













